epuis la fin du salon historique de Bâle, l’horlogerie se rapproche lentement mais sûrement à Genève du rassemblement mondial annuel qu’elle a connu durant des décennies (Europa Star y avait été exposant durant plus de 80 ans, ndlr). L’unité de lieu n’est certes pas encore tout à fait réalité, avec plus de 200 marques présentant leurs nouveautés aux quatre coins du canton, mais cette semaine est sans conteste la plus importante de l’année pour les horlogers.
Parmi ceux-ci, 60 tenaient le haut du pavé intra-muros à Palexpo, dans un salon qui a enregistré une fréquence record (plus de 55’000 visiteurs en sept jours). De Meistersinger à Bvlgari, les sept nouveaux venus affichaient des visages très divers pour le cru 2025. La vision de la Watches and Wonders Geneva Foundation reste celle d’une croissance mesurée, à raison de cinq à dix exposants supplémentaires chaque année comme lors des dernières éditions.
Il faut dire que, contrairement à l’événement bâlois né en 1917 comme «foire suisse des échantillons», le salon genevois, lui, tire ses origines en 1991 dans la Haute Horlogerie et le luxe exclusif. Sa mue en un événement réunissant des profils aussi divers signifie donc également une transformation profonde de son identité. Nous avons rencontré le CEO de la Watches and Wonders Geneva Foundation, Matthieu Humair.
Europa Star: Quel bilan général tirez-vous de cette édition 2025?
Matthieu Humair: Le salon s’est déroulé de la meilleure des manières avec une fréquentation en hausse de 12%. Toutes les catégories de visiteurs augmentent: plus de presse, plus de détaillants, l’ambiance était excellente et les journées publiques ont été plébiscitées. Nous avons accueilli 60 marques cette année et proposé énormément de contenus. Les marques ont créé des expériences immersives sur leurs stands qui ont attiré le public, de même que les visites guidées, les conférences et le programme «In the City».
Vous acceptez entre cinq et dix nouvelles marques par année. Nombreuses sont celles qui souhaiteraient vous rejoindre, afin de réunir à nouveau toute l’horlogerie sous un seul et même toit. Pouvez-vous leur offrir un horizon stratégique à cinq ou dix ans?
Le salon est ouvert à accueillir de nouvelles marques, c’est son évolution naturelle que de grandir. Mais vous devez vous rendre compte qu’il a déjà pratiquement doublé de taille depuis 2020. Nous ajustons le concept et il reste quelques places disponibles dans la configuration actuelle, mais nous voulons continuer à offrir une visibilité optimale à tous les exposants ainsi qu’un excellent niveau de service du début à la fin. En ce sens, la croissance doit être maîtrisée.
Au-delà de Genève, il y a eu des éditions de Watches and Wonders à Shanghai, Miami ou encore Sanya par le passé. Allez-vous poursuivre ce programme global?
Il nous arrive en effet d’exporter notre plateforme sur certains marchés, mais ce n’est pas prévu cette année. Nous nous concentrons, avec une équipe de 30 personnes, sur l’organisation de l’événement à Genève, qui prend toujours plus d’ampleur. Notre objectif est non seulement de faire de Genève la capitale mondiale de l’horlogerie pour les professionnels, médias et collectionneurs mais aussi de nous ouvrir au grand public: le programme «In the City» prend de l’importance. Nous nous adressons à tout le monde, avec un accent particulier sur les nouvelles générations. Le salon veut susciter des vocations, tant chez les horlogers que chez les amateurs!
Comment les marques sont-elles représentées au sein de la fondation?
La Watches and Wonders Geneva Foundation a été créée en 2022 par Rolex, Richemont et Patek Philippe. Depuis lors, LVMH, Chanel et Hermès nous ont rejoints au sein du conseil de fondation, ce qui montre leur engagement sur le futur de l’événement. Un comité représente les marques exposantes. Nous sommes conscients que nous réunissons des marques très différentes, mais nous apprécions ce mélange qui fait rayonner l’horlogerie.
