Audemars Piguet


Audemars Piguet relance ses calendriers pour ses 150 ans

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avril 2025


Audemars Piguet relance ses calendriers pour ses 150 ans

La manufacture a pris cinq ans pour développer un calibre qui permettra d’économiser du temps et de la frustration, avec un ingénieux système «tout-à-la-couronne» de réglage du quantième perpétuel. «La magie de ce garde-temps tient à son mariage de complexité technique et de simplicité d’usage», résume Ilaria Resta, CEO d’Audemars Piguet. Ou l’art d’associer les contraires pour tenter de résoudre cette belle équation qu’est le calendrier en horlogerie. Explications.

«C

e nouveau quantième compte plusieurs innovations, dont l’ergonomie de la boîte. Mais surtout le réglage de la date… car il n’y a qu’une seule couronne!» Nous sommes au Brassus en ce début de l’année 2025 qui marque le 150ème anniversaire d’Audemars Piguet,et Giulio Papi, Directeur de la Conception Horlogère, nous reçoit avec ses collègues dans une petite salle confidentielle qui tranche au cœur des vastes «open space» lumineux du très imposant nouveau bâtiment appelé Arc de la marque.

C’est ici que nous découvrons l’ingéniosité de ce quantième – quoi d’autre qu’un calendrier pour marquer un anniversaire! «Manipuler cette complication requérait jusqu’à présent une certaine habileté de la part des clients et pouvait générer de la frustration, poursuit Giulio Papi. De plus, on voyait des gens qui utilisaient n’importe quel objet pour déclencher les correcteurs, jusqu’à un cure-dent, ce qui est tout de même dommage car au final on se retrouvait avec des garde-temps qui n’étaient plus à jour, voire endommagés.»

Première page d'un article paru en 1984 dans Europa Star dédié aux montres à calendrier, dont cette Royal Oak Quantième Perpétuel 25554. ©Archives Europa Star
Première page d’un article paru en 1984 dans Europa Star dédié aux montres à calendrier, dont cette Royal Oak Quantième Perpétuel 25554. ©Archives Europa Star

Entre donc en scène le Calibre 7138, une nouvelle génération de mouvement automatique à quantième perpétuel, qui permet pour la première fois le réglage de toutes les fonctions de la montre grâce à un système «tout-à-la-couronne», se passant des traditionnels correcteurs sur le côté de la boîte. Pour cet anniversaire, l’innovant calibre est lancé simultanément dans un modèle Code 11.59 by Audemars Piguet de 41 mm en or gris 18 carats ainsi que dans deux modèles Royal Oak de 41 mm déclinés en acier inoxydable ou en sand gold. Ces trois garde-temps sont également disponibles en édition «anniversaire», limitée à 150 pièces.

«Le développement de ce calibre nous a pris cinq ans et nous avons déposé cinq brevets, poursuit Giulio Papi. Un préalable était de bien avancer dans le domaine de l’extra-plat, pour être en mesure de loger tous les composants de ce nouveau système en conservant une même épaisseur.» Toutes les corrections sont donc effectuées à la couronne – ce qui a nécessité de repenser toute la conception du mouvement. Mais comment, exactement?

Passer du 3 au 2bis

La nouvelle couronne permet quatre positions différentes. La première assure le remontage de la montre dans le sens horaire (position 1). En tirant une fois sur la couronne (position 2) on règle la date dans le sens horaire et on ajuste le mois et l’année bissextile dans le sens antihoraire. En tirant une nouvelle fois sur la couronne (position 3), on règle l’heure dans les deux sens. En repoussant la couronne d’un cran (position 2’), on corrige le jour et la semaine dans le sens horaire et la phase de Lune dans l’autre sens.

«Une seule couronne corrige ainsi six fonctions dont quatre du quantième perpétuel», résume Giulio Papi. Derrière son apparente simplicité, ce système innovant cache un mécanisme complexe conduit par un pignon baladeur et une roue qui s’engrène dans les différentes roues calendaires en position 2 et 2’. Cette technologie est protégée par deux brevets: un pour le système de correction à la couronne avec sa position 2’ et un pour la correction du mois et de la date via la couronne.

La correction de toutes les fonctions du calendrier étant synchronisée à la couronne et la construction du mouvement étant plus robuste, il est impossible de désynchroniser la montre et d’endommager le mécanisme si l’utilisateur tente un réglage lorsque le mécanisme de changement automatique de la date est actif (entre 21h et 3h du matin).

Les compteurs ont été réorganisés et optimisés afin de renforcer la lisibilité et d’afficher la date au format européen (jour, date, mois) lorsque le cadran est lu de gauche à droite. Les nombres de semaines sont imprimés sur le réhaut comme sur les références précédentes, cependant, c’est désormais la première semaine de l’année («1») qui apparaît à 12 h (au lieu de la semaine 52 auparavant).

Audemars Piguet présente pour ses 150 ans un révolutionnaire calendrier perpétuel manipulable par la seule couronne, le Calibre 7138.
Audemars Piguet présente pour ses 150 ans un révolutionnaire calendrier perpétuel manipulable par la seule couronne, le Calibre 7138.

Suivant le même raisonnement, «Lundi» et «1» sont à présent alignés à 12h dans leur compteur respectif, marquant le début de la semaine et le premier jour du mois. À 12h, le cadran présente également un affichage progressif de la date breveté. Les équipes AP ont développé une roue de date comptant 31 dents sur mesure, dont la taille varie afin de s’adapter à la largeur des chiffres et gagner en lisibilité.

Afin d’assurer une symétrie parfaite avec le compteur du mois et l’année bissextile à 3h, une indication des 24h a été insérée dans le compteur des jours à 9h. Qui plus est, une zone de non-correction apparaît en rouge entre 21h et 3h, désignant la période durant laquelle la montre ne peut pas être réglée (même si, comme vu plus haut, toute tentative de réglage par l’utilisateur durant ce laps de temps ne pourrait pas endommager le mouvement).

La phase de Lune, affichant une représentation réaliste basée sur une photographie de la NASA, demeure à 6h, comme sur les modèles précédents. Mais la pleine Lune est à présent centrée sur l’axe de 12h, contribuant ainsi à l’harmonie générale du cadran.

Si la montre est toujours remontée, la date ne requerra aucune intervention manuelle avant 2100, lorsqu’une correction sera nécessaire pour rester en phase avec le calendrier grégorien. Celui-ci omet en effet trois années bissextiles tous les 400 ans pour rester synchronisé avec l’heure solaire. Ceci est obtenu en omettant le 29 février dans les années séculaires qui sont divisibles par 100, mais pas par 400. De ce fait, 2100 ne sera pas une année bissextile et les indications calendaires devront être avancées d’un jour.

Une complication favorite d’Audemars Piguet

La manufacture est loin d’être en terrain inconnu en développant cette innovation sur le quantième perpétuel, ce «petit ordinateur mécanique» comme l’appelle Sébastian Vivas, Directeur du Patrimoine et du Musée chez Audemars Piguet. L’expertise d’Audemars Piguet en matière de complication astronomique remonte dès les montres-école de ses fondateurs, toutes deux terminées vers 1875.

La première montre-bracelet à calendrier d’Audemars Piguet est mise en production en 1921 pour être vendue trois ans plus tard au détaillant de renom Gübelin. De 1921 à 1970, 188 montres-bracelets astronomiques sont réalisées, représentant une petite part de la production totale de la Manufacture.

Un tournant intervient en 1955, lorsque l’entreprise dévoile la première montre-bracelet à calendrier perpétuel avec indication de l’année bissextile (neuf exemplaires verront le jour entre 1955 et 1957). Puis, la marque établit un nouveau record en 1978, au sommet de la crise du quartz, en lançant la montre-bracelet à calendrier perpétuel la plus fine de son époque, Calibre 2120/2800.

Pour ses débuts, le Calibre 7138 est lancé simultanément dans un modèle Code 11.59 by Audemars Piguet de 41 mm en or gris 18 carats ainsi que dans deux modèles Royal Oak de 41 mm déclinés en acier inoxydable ou en sand gold.
Pour ses débuts, le Calibre 7138 est lancé simultanément dans un modèle Code 11.59 by Audemars Piguet de 41 mm en or gris 18 carats ainsi que dans deux modèles Royal Oak de 41 mm déclinés en acier inoxydable ou en sand gold.

Conçu en secret par trois horlogers, ce mouvement révolutionnaire affiche une finesse extrême (3,95 mm) en utilisant comme base le calibre ultra-plat 2120 (2,45 mm d’épaisseur), lancé en 1967. Au cours des 18 années suivantes, plus de 7’000 mouvements sont produits, emboîtés et vendus, inaugurant une période de croissance pour la marque et traçant la voie au renouveau des complications classiques. En 1984, ce calibre anime la première Royal Oak Quantième Perpétuel (39 mm de diamètre), Modèle 5554, qui sera bientôt suivie parmi d’autres références dans la collection.

Cette complication classique quelque peu délaissée en horlogerie, à la fin du 20ème siècle et au début du 21ème siècle. Elle est ravivée en 2015 avec le Calibre 5134 qui adapte le calendrier perpétuel à un diamètre de boîte plus généreux de 41 mm tout en conservant une finesse de 4,3 mm. Il fait son apparition sur un nouveau modèle Royal Oak doté d’une esthétique dynamique.

Ce regain est confirmé en 2017 avec le succès de la Royal Oak Quantième Perpétuel 26579CE en céramique noire. Ce calibre équipe par la suite de nombreux modèles issus de différentes collections jusqu’à son arrêt en 2024. Il fait une dernière apparition dans la Royal Oak Quantième Perpétuel «John Mayer» Édition Limitée, concluant une histoire commencée en 1978.

En 2018, la Manufacture ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire des montres astronomiques avec le lancement de la Royal Oak Quantième Perpétuel Automatique Ultra-Plat, connue sous le nom de RD#2. Ce garde-temps révolutionnaire de 41 mm est alors la montre-bracelet à calendrier perpétuel automatique la plus fine de son époque. Haute de 6,3 mm, elle abrite le Calibre 5133, un mouvement ultra-plat de seulement 2,89 mm d’épaisseur, entièrement repensé pour intégrer toutes les fonctions du calendrier perpétuel sur un seul plan, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle génération de montres astronomiques.

C’est en s’appuyant sur ce riche historique, et plus particulièrement sur les innovations brevetées ayant permis la création de la RD#2, que naît le tout nouveau Calibre 7138, à l’utilisation simplifiée pas le recours à la seule la couronne. Une nouvelle ère s’ouvre, à point nommé, dans le calendrier de la manufacture du Brassus.