ann Perrin est, de son propre aveu, «né dans les bracelets de montres». Sa mère, Régine, était la nièce de Camille Fournet, le spécialiste français des bracelets de montres depuis 1945. Son père, Jean-Claude, maître artisan sellier, était directeur commercial de l’entreprise dans les années 1960.

«Nous étions dans cet univers en permanence, se souvient Yann Perrin. Camille Fournet n’ayant pas de descendants, mon père était un peu devenu son fils spirituel. Il aurait pu reprendre l’affaire…mais celle-ci a été revendue à plus offrant.» Cela n’empêcha pas son père de lancer sa propre structure, «Créations Perrin», en 1984.

L’entreprise, malgré son succès initial, ne survivra cependant pas à la guerre du Golfe. «À cette époque, mon père décida de réduire la voilure et ainsi naîtra, en 1997, l’Atelier du Bracelet Parisien (ou ABP Concept), dont la vocation initiale était de proposer des bracelets de montre sur mesure et haut de gamme aux connaisseurs parisiens.»

Nouvel élan

Après une formation en maroquinerie et cinq ans en atelier, Yann Perrin rejoint l’entreprise familiale. Il va lui donner un nouvel élan: «Je suis arrivé avec l’idée d’élargir notre gamme, de développer notre site web et d’adopter une démarche innovante dans les éco-matériaux», confie-t-il.

Bracelet en python brillant à triple tour

L’Atelier, qui proposait sept ou huit types de cuirs différents en 2000, offre ainsi un choix de plus de 60 matières différentes aujourd’hui: alligator et veau, bien entendu, mais aussi queue de castor, crapaud, serpent de mer, galuchat, python, chameau, lézard, perche du Nil, patte d’autruche - la liste est longue et bigarrée.

Configurateur unique

Il aura fallu trois ans de développement pour mettre en place un configurateur en ligne, capable de refléter le vaste choix disponible et les multitudes de finitions, coupes, coutures, bordures, intérieurs que l’Atelier peut réaliser.

Bracelet en alligator mat avec inserts

«Nous avons presque trop d’options et sommes en phase de rationalisation pour nous adapter aussi au mode de consommation sur mobile. Notre objectif pour 2025 est de développer nos ventes au travers des réseaux sociaux, un canal que nous n’utilisons que très peu actuellement.»

Les ventes en ligne représentent déjà 50% du chiffre d’affaire et 50% est réalisé à l’international. Le petit atelier dédié aux Parisiens a bien évolué!

Approche durable

La vision de Yann Perrin comporte également une dimension durable prononcée. L’entrepreneur est sans cesse à la recherche de nouvelles matières éco-responsables. Son offre en cuir végétal, végan, éco-responsable se développe pour répondre à une demande croissante. Cuir d’ananas, de raisin, de bois, en feuilles tropicales, en liège, en champignon sont autant d’options pour satisfaire les clients sensibles à la problématique.

Bracelet en python mat

«Tous nos cuirs exotiques respectent de toute manière les exigences strictes de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, ndlr), mais il est intéressant de voir les possibilités qu’offrent ces nouveaux matériaux. Je suis particulièrement séduit par le liège et les peaux de poissons qui présentent des spécificités très intéressantes.»

Cependant, sa conviction personnelle le pousse à explorer également une autre piste. Il élabore: «Je viens d’une famille où le gaspillage est évité au maximum. Nous achetons en fonction de nos besoins et nous cherchons à recycler ou upcycler partout où cela est possible. Notre gamme Solo, lancée il y a six mois, recycle les chutes d’alligator issus de la fabrication des pièces sur mesure en bracelets bicolores uniques à prix abordable. Nous avons aussi mis en place un partenariat avec une tannerie française qui recycle dans une collection spéciale les peaux d’alligator écartées par l’industrie du luxe, évitant ainsi leur mise au rebut.»

Tête de Bouddha en chutes d’alligator et de crocodile recyclées, création personnelle de Yann Perrin

Réutiliser et valoriser, plutôt que jeter, constitue un des piliers de l’économie circulaire. Si Yann Perrin reconnait qu’au regard de sa production cela ne représente pas un changement d’impact important, «cela a le mérite de pousser le client final à réfléchir à la logique derrière l’achat».

L’Atelier du Bracelet Parisien se différencie ainsi non seulement par ses produits, sa polyvalence, mais aussi par sa philosophie pragmatique et responsable. Yann Perrin conclut: «Nous sommes des artisans, nous développons nos savoir-faire et nous pouvons à peu près tout faire, que ce soit en bracelets de montres, mais aussi en maroquinerie ou en gainerie. Venez avec votre idée ou votre dessin, nous lui donnerons vie!»