omment Philippe Dufour a-t-il atteint un tel statut au Japon, son marché de prédilection?
«Au début, en 2000, le défi était de convaincre les collectionneurs que les modèles de Philippe Dufour pouvaient valoir le double du prix d’une Patek Philippe par exemple, en leur expliquant son travail artisanal.» Pour cela, Yoshi Isogai diffuse des images des composants conçus et assemblés de la main de l’horloger de la Vallée de Joux, sans recours à des machines. «Nous avons été aidés dans ce travail de communication de l’oeuvre de Philippe Dufour par les médias japonais et les journalistes qui ont su saisir ses particularités. Une émission télévisée sur la chaîne publique nationale en particulier l’a rendu célèbre au Japon.»
Ce n’est pas tout, poursuit Yoshi Isogai: si la montre elle-même est séduisante en tant qu’objet, la personnalité simple et authentique de Philippe Dufour l’est tout autant. «Les collectionneurs ont commencé à vouloir au poignet un objet créé par un artisan comme lui. Par ailleurs, le petit diamètre de la Simplicity à 34 mm la rendait aussi adaptée au Japon.»
La valeur des modèles conçus par Philippe Dufour ne cesse de grimper. Sa cote aux enchères le prouve: lors des ventes horlogères tenues par Phillips à New York fin octobre, un modèle Duality (en platine et numéroté 00) a trouvé preneur pour près d’un million de dollars... Le collectionneur qui l’avait acquis 150’000 dollars il y a une décennie a empoché une belle marge. L’horloger n’est pas pressé pour autant. «J’ai une longue liste d’attente de clients qui attendent ses futures montres», avoue Yoshi Isogai, rêveur devant un portrait en noir et blanc du «maître».